En terre Douchynoise toute cette semaine à la rencontre des enfants de Douchy-les-Mines et des communes voisines, Arthur Ténor n’en est pas à sa première Fête de l’Imaginaire. Il a publié des récits pour toutes les tranches d’âges et dans pratiquement tous les domaines : récits historiques (histoire du 20e siècle, Versailles, Moyen-Age...), romans d’héroïc fantasy, romans d’anticipation. Les thématiques sociétales lui tiennent également à cœur : terrorisme, harcèlement, théorie du complot, impact du numérique…
Malgré l’annulation des journées tout public du Salon du Livre Jeunesse qui devaient se tenir ces 19 et 20 février et dans l’attente d’une date de report, nous ne pouvions pas rester là sans interviewer nos invités.
On poursuit notre série avec Arthur Ténor. Sa bibliographie compte aujourd’hui plus de 130 titres et il est l’un des auteurs français les plus lus. Il s’intéresse aussi de près à l’innovation et est même un précurseur : certains de ces ouvrages possèdent des fins alternatives à retrouver sur le site de l’éditeur. Il est en outre le premier auteur jeunesse à publier des romans en format numérique.
1/ Pouvez-vous vous définir en 3 objets ?
-Une plume Serjent-Major, celle avec laquelle j’ai appris à écrire, avec laquelle je faisais de si beaux pleins et déliés… et pâtés.
-Mon « Oui-Oui et la voiture jaune », celui qui fut mon tout premier vrai roman que j’ai lu tout seul dans ma chambre à l’âge de sept ans.
-Mon Gandalf, en figurine, qui, toujours en bonne place dans mon champ de vision dans mon bureau me rappelle combien le grand imaginaire est et sera toujours ma plus grande source d’émerveillement.
2/ Quel livre vous a marqué enfant ou adolescent ?
A part Oui-Oui ? C’est sans conteste, non pas un livre, mais une série : Bob Morane de Henri Vernes
3/ Quels sont aujourd’hui vos auteurs/illustrateurs préférés ?
Houlà ! Question trop difficile, car cela rend injustice à ceux que je pourrais oublier.
Citons quand même… Jean Joubert, dont j’ai tant aimé et l’homme et l’œuvre jeunesse. En illustratrice, je place en tête certainement Rebecca Dautremer, une grande artiste.
4/ Pourquoi écrire/dessiner ? Qu’est-ce qui vous y a poussé ? Vous rappelez-vous d’un moment précis ?
C’est justement une des grandes énigmes de ma vocation : pourquoi l’écriture et pas la mécanique quantique ou la pâtisserie, ou la BD ?
Sans doute parce que c’est par l’écriture que mon imagination débordante pouvait le mieux… déborder. Du coup, je n’ai pas été poussé, mais plutôt dissuadé par ceux qui, connaissant mes compétences en français, me conseillaient à 18 ans de renoncer tout de suite. J’ai été bien inspiré de ne pas les croire. Le seul moment précis dont je me souviens, c’est quand j’ai commencé à noter un flot d’idées qui ont, un matin, brutalement surgit, et qui ont abouti à la rédaction (maladroite) d’un space-opéra.
5/ Au fond, qu’est-ce qui vous anime dans votre métier ? Qu’est-ce qui vous pousse à continuer et à toujours créer ?
L’écriture (l’art en général) est un métier de passion. Donc, je crois que c’est la passion. Et vous savez, quand on aime, qui plus est passionnément, on ne se voit pas arrêter, pas une minute. Pour moi, raconter des histoires est un formidable amusement. Alors, tant que je m’amuse, je continue.
6/ Quelle est votre journée "type" ?
Levée des corps vers huit heures. Ablutions, miam-miam, donner des graines aux petits oiseaux sur ma terrasse, puis c’est parti ! Alternance de séances de travail et de détente, jusqu’au soir, et parfois jusqu’au bout de la nuit (rarement tout de même, car je suis un gros dormeur).
7/ Quel livre lisez-vous en ce moment ?
Ceux de mes camarades autrices et auteurs. Essentiellement des manuscrits qui ne demandent qu’à être publiés, car je suis directeur de collection pour Scrineo, et que cela occupe l’essentiel de mon temps de lecture, et même un peu plus. En ce moment, je lis un manuscrit sur la vie de Simone Veil, et il est passionnant.
8/ Avec la pandémie, beaucoup d’événements sont annulés ou reportés comment avez-vous vécu l’année 2020 et comment envisagez-vous l’année 2021 ? Votre travail a-t-il été affecté ?
Eh bien, comme tout le monde. Cette année restera dans nos mémoires comme une sorte de tunnel qui nous a privé de beaucoup de choses, et parfois hélas de la vie. Mais jamais je crois nous n’avons douté que nous finirions par voir le bout de ce tunnel et c’est le cas ! La vie, artistique en particulier, va reprendre et c’est tout ce que je veux voir.
Sinon, non, mon travail n’en a pas vraiment été affecté. Mais le (vilain) hasard a voulu que je subisse le premier confinement alors que j’écrivais un roman très réaliste et très dur sur le quotidien d’un Poilu de Verdun. Mais bizarrement, un cauchemar m’a en fait relativiser un autre.
9/ Quel serait le plus beau compliment qu’un enfant puisse vous faire ?
Celui que m’a répercuté une maman, pas plus tard que la semaine dernière, de la part de son fils : « Je n’aime pas lire, mais j’ai adoré votre roman » et cette maman de me préciser qu’il avait demandé un autre livre. Un petit miracle qui m’a touché comme vous ne sauriez l’imaginer (sans doute parce que j’ai moi-même connu de vraies difficultés avec la lecture étant enfant, parce que j’étais dyslexique).
10/ Quels sont vos goûts cinématographiques ? Auriez-vous un film à conseiller à notre public ? Ou quel est votre film préféré ?
J’avoue avoir un très gros faible pour les films fantastiques à grand spectacle. Parce que j’ai un grand besoin de rêve, d’évasion... d’extraordinaire. Ce qui m’amène sans grande originalité à vous répondre que le (les en vérité) film qui m’a le plus ému et fait voyager dans le grand imaginaire, c’est "Le seigneur des anneaux", à mon sens un chef d’œuvre absolu dans sa catégorie. Néanmoins, je conseillerais à un jeune public le film "Le dernier des Mohicans" (réalisé par Michael Mann, sorti en 1992.) Tout est beau, émouvant, passionnant, bouleversant, inoubliable... dans ce film. Et alors la musique... Outch ! Un sublime coup au cœur.
